Pendant la Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens, les sœurs, comme chaque année, étaient invitées à la paroisse catholique de Saint Étienne du Grès. À cette occasion, la prieure de la communauté Sœur Marthe Élisabeth fut chargée d’apporter l’homélie.
Mardi dernier 18 janvier dernier, nous sommes entrés dans la Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens. Une semaine de rencontres œcuméniques, où les différentes traditions d’Églises, dans leurs diversités, sont invitées à se rencontrer, pour célébrer, pour écouter la parole de Dieu, pour témoigner ensemble que Jésus-Christ est le Seigneur, le Sauveur de monde.
C’est notre joie ce matin de nous retrouver, sœurs de la Communauté de Pomeyrol, frères et sœurs protestants, avec vous Père Claude et vous toute la paroisse du village et des environs, pour nous tenir ensemble devant Dieu, pour nous laisser pardonner et réconcilier et pour témoigner de son amour.
Cette année, c’est une équipe œcuménique du Burkina Faso qui a préparé le matériel pour cette semaine 2024. Le Burkina Faso se situe en Afrique de l’Ouest, dans la région du Sahel avec pour voisins, le Niger et le Mali. Sa population se monte à 21 millions d’habitants appartenant à près de 60 ethnies différentes. Du point de vue religieux : 64 %, environ, de la population est musulmane, 9 % adhèrent aux religions traditionnelles africaines, 26 % sont chrétiens (20 % de catholiques et 6 % de protestants).
Le Burkina Faso connaît actuellement une grave crise sécuritaire qui affecte toutes les communautés de croyants, à la suite d’une grave attaque djihadiste organisée à l’intérieur du pays en 2016. La situation sécuritaire et sa cohésion sociale se sont fortement détériorées. Le pays a vu proliférer les attaques terroristes. Il y a eu beaucoup de morts. Plus du 22 % du territoire national n’est plus sous le contrôle de l’État. Dans ces régions, les chrétiens ne peuvent plus pratiquer ouvertement leur religion.
Malgré tout, une certaine solidarité se fait jour entre chrétiens, musulmans et adeptes des religions traditionnelles. Leurs chefs sont à l’œuvre pour trouver des solutions durables pour la paix, la cohésion sociale et la réconciliation. Ils vivent l’œcuménisme et aussi l’inter-religieux.
Le thème de cette semaine, proposé par l’équipe œcuménique de préparation du Burkina Faso est : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu et ton prochain comme toi-même » . Une parole que nous trouvons dans la « parabole du bon Samaritain » dans Luc 10. Une parabole que nous connaissons tous par cœur. Voici cette parabole :
« Un docteur de la loi pose la question à Jésus, pour l’éprouver : Maître que dois-je faire pour hériter la vie éternelle ? Jésus lui répond en lui posant une question : Qu’est-il écrit dans la loi, qu’y lis-tu ? Le docteur de la loi répond : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même » .
Jésus le félicite pour sa réponse et lui dit : Fais cela et tu vivras ! Voulant se justifier, le docteur de la loi demande à Jésus : Qui est mon prochain ?
Alors, Jésus raconte une histoire : un homme descendait de Jérusalem à Jéricho. Il tombe aux mains de brigands qui le dépouillent, le chargèrent de coups et s’en allèrent le laissant à demi-mort ! Un sacrificateur qui par hasard descendait par le même chemin, ayant vu cet homme, passa outre ! Un Lévi qui arrive aussi dans ce lieu, l’ayant vu, passa outre !
Mais un Samaritain, qui voyageait, étant venu là, fut ému de compassion lorsqu’il le vit. Il s’approcha, et banda ses plaies, en y versant de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit à une hôtellerie, et prit soin de lui. Le lendemain, il tira deux deniers, les donna à l’hôte et dit : Aie soin de lui, et ce que tu dépenseras de plus, je te le rendrais à mon retour.
Lequel de ces trois te semble avoir été le prochain de celui qui était tombé aux mains des brigands ? C’est celui qui a exercé la miséricorde envers lui répondit le docteur de la loi. Jésus lui dit : va et fait de même !
Jésus le dit encore à tous ceux qui entendent et reçoivent cette parole aujourd’hui, à nous qui sommes ici rassemblés ! va et fait de même ! »
Pour cette Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens, l’équipe œcuménique de préparation du Burkina Faso a commenté huit versets de cette parabole, un pour chaque jour de la semaine. Je vous en partage quatre qui nous concernent aussi, qui nous invite à nous laisser renouveler, conduire, pardonner, réconcilier et espérer.
Luc 10,27 : A la question de Jésus, le docteur de la loi répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute
ta force et de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même ». Pour ce verset, le titre donné est : Aide-moi, Seigneur, à t’aimer, à aimer mon prochain et moi-même de tout mon être. Il ne nous est pas donné de choisir notre prochain. L’aimer signifie être attentif à ses besoins, accepter ses imperfections et encourager ses espérances et ses aspirations. C’est cette même attitude que nous devons avoir à l’égard de nos traditions respectives en marchant sur le chemin de l’unité des chrétiens.
Luc 10,25 : Un docteur de la loi se leva et dit à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître que dois-je faire pour hériter la vie éternelle » ? Le titre donné pour ce verset : Aide-nous, Seigneur, à avoir une vie tournée vers toi. Bien souvent les réalités existentielles de la vie, marquées par les divisions, l’égoïsme et la souffrance, nous éloignent de la quête de Dieu. Jésus a vécu le mystère d’une communion intime avec le Père, qui désire combler tous ses enfants de la plénitude de la vie éternelle. Jésus est « le chemin » qui nous conduit au Père, notre destinée ultime.
Luc 10,29 : le docteur de la loi, voulant se justifier, dit à Jésus : « Et qui est mon prochain » ? Le titre donné pour ce verset est : Seigneur ouvre nos cœurs à ceux que nous ne voyons pas. L’Évangile nous enseigne qu’aimer ceux qui sont comme nous n’a rien d’extraordinaire. Jésus nous conduit vers une vision plus radicale de ce que signifie être humain. Notre époque d’insécurité et de crainte nous confronte à une réalité où la méfiance et l’incertitude marquent les relations. Voilà le défi de la parabole d’aujourd’hui : de qui suis-je le prochain ?
Luc 10,34 : Le Samaritain s’approcha de l’homme et banda ses plaies en y versant de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre monture, le conduisit dans une auberge et prit soin de lui. Le titre donné : Seigneur aide-nous à voir les blessures et à trouver l’espérance. Ce monde blessé est dominé par l’insécurité, la peur, la méfiance et les divisions. Malheureusement ces divisions existent aussi entre les chrétiens. Tout en célébrant les sacrements ou d’autres rites de guérison, de réconciliation et de consolation, en utilisant souvent l’huile et le vin, nous persistons dans nos divisions qui blessent le corps de Christ. En guérissant les divisions entre chrétiens, nous contribuons à la guérison des divisions entre les nations.
Je terminerai avec une prière, en communion avec l’équipe œcuménique du Burkina Faso et avec tous ceux et celles qui reçoivent ces exhortations :
Père du ciel, nous te remercions pour le don de l’Esprit Saint qui donne la vie, nous ouvre les uns aux autres, résout les conflits et fortifie nos liens de communion. Fais que nous grandissions dans l’amour réciproque et dans le désir d’annoncer le message de l’Évangile plus fidèlement, afin que le monde puisse se rassembler dans l’unité, et accueillir le Prince de la paix. Par le Christ notre Seigneur.
Amen
Prédication pour la Messe à 10 h 30 au village, dans le cadre de la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens : dimanche 21.01.2024