Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens : que signifie être humain ?

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Pendant la Semaine de Prière pour l’Unité des chrétiens, les sœurs, comme chaque année, étaient invitées à la paroisse catholique de Saint Étienne du Grès. À cette occasion, la prieure de la communauté Sœur Marthe Élisabeth fut chargée d’apporter l’homélie.

Obsèques Soeur Daniellle Pomeyrol 2022
L’église catho­lique de Saint Etienne du Grès © Apothéloz

Mardi der­nier 18 jan­vier der­nier, nous sommes entrés dans la Semaine de Prière pour l’Unité des chré­tiens. Une semaine de ren­contres œcu­mé­niques, où les dif­fé­rentes tra­di­tions d’Églises, dans leurs diver­si­tés, sont invi­tées à se ren­con­trer, pour célé­brer, pour écou­ter la parole de Dieu, pour témoi­gner ensemble que Jésus-Christ est le Seigneur, le Sauveur de monde.

C’est notre joie ce matin de nous retrou­ver, sœurs de la Communauté de Pomeyrol, frères et sœurs pro­tes­tants, avec vous Père Claude et vous toute la paroisse du vil­lage et des envi­rons, pour nous tenir ensemble devant Dieu, pour nous lais­ser par­don­ner et récon­ci­lier et pour témoi­gner de son amour.

Cette année, c’est une équipe œcu­mé­nique du Burkina Faso qui a pré­pa­ré le maté­riel pour cette semaine 2024. Le Burkina Faso se situe en Afrique de l’Ouest, dans la région du Sahel avec pour voi­sins, le Niger et le Mali. Sa popu­la­tion se monte à 21 mil­lions d’ha­bi­tants appar­te­nant à près de 60 eth­nies dif­fé­rentes. Du point de vue reli­gieux : 64 %, envi­ron, de la popu­la­tion est musul­mane, 9 % adhèrent aux reli­gions tra­di­tion­nelles afri­caines, 26 % sont chré­tiens (20 % de catho­liques et 6 % de protestants).

Le Burkina Faso connaît actuel­le­ment une grave crise sécu­ri­taire qui affecte toutes les com­mu­nau­tés de croyants, à la suite d’une grave attaque dji­ha­diste orga­ni­sée à l’in­té­rieur du pays en 2016. La situa­tion sécu­ri­taire et sa cohé­sion sociale se sont for­te­ment dété­rio­rées. Le pays a vu pro­li­fé­rer les attaques ter­ro­ristes. Il y a eu beau­coup de morts. Plus du 22 % du ter­ri­toire natio­nal n’est plus sous le contrôle de l’État. Dans ces régions, les chré­tiens ne peuvent plus pra­ti­quer ouver­te­ment leur religion.

Malgré tout, une cer­taine soli­da­ri­té se fait jour entre chré­tiens, musul­mans et adeptes des reli­gions tra­di­tion­nelles. Leurs chefs sont à l’œuvre pour trou­ver des solu­tions durables pour la paix, la cohé­sion sociale et la récon­ci­lia­tion. Ils vivent l’œcuménisme et aus­si l’inter-religieux.

Le thème de cette semaine, pro­po­sé par l’é­quipe œcu­mé­nique de pré­pa­ra­tion du Burkina Faso est : « Tu aime­ras le Seigneur ton Dieu et ton pro­chain comme toi-même » . Une parole que nous trou­vons dans la « para­bole du bon Samaritain » dans Luc 10. Une para­bole que nous connais­sons tous par cœur. Voici cette parabole :

« Un doc­teur de la loi pose la ques­tion à Jésus, pour l’é­prou­ver : Maître que dois-je faire pour héri­ter la vie éter­nelle ? Jésus lui répond en lui posant une ques­tion : Qu’est-il écrit dans la loi, qu’y lis-tu ? Le doc­teur de la loi répond : « Tu aime­ras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et de toute ta pen­sée et ton pro­chain comme toi-même » .

Jésus le féli­cite pour sa réponse et lui dit : Fais cela et tu vivras ! Voulant se jus­ti­fier, le doc­teur de la loi demande à Jésus : Qui est mon pro­chain ?

Alors, Jésus raconte une his­toire : un homme des­cen­dait de Jérusalem à Jéricho. Il tombe aux mains de bri­gands qui le dépouillent, le char­gèrent de coups et s’en allèrent le lais­sant à demi-mort ! Un sacri­fi­ca­teur qui par hasard des­cen­dait par le même che­min, ayant vu cet homme, pas­sa outre ! Un Lévi qui arrive aus­si dans ce lieu, l’ayant vu, pas­sa outre !

Mais un Samaritain, qui voya­geait, étant venu là, fut ému de com­pas­sion lors­qu’il le vit. Il s’ap­pro­cha, et ban­da ses plaies, en y ver­sant de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre mon­ture, le condui­sit à une hôtel­le­rie, et prit soin de lui. Le len­de­main, il tira deux deniers, les don­na à l’hôte et dit : Aie soin de lui, et ce que tu dépen­se­ras de plus, je te le ren­drais à mon retour.

Lequel de ces trois te semble avoir été le pro­chain de celui qui était tom­bé aux mains des bri­gands ? C’est celui qui a exer­cé la misé­ri­corde envers lui répon­dit le doc­teur de la loi. Jésus lui dit : va et fait de même !

Jésus le dit encore à tous ceux qui entendent et reçoivent cette parole aujourd’­hui, à nous qui sommes ici ras­sem­blés ! va et fait de même ! »

Pomeyrol AG 2023 Février
Soeur Marthe Elisabeth Pomeyrol © Apothéloz

Pour cette Semaine de Prière pour l’Unité des chré­tiens, l’é­quipe œcu­mé­nique de pré­pa­ra­tion du Burkina Faso a com­men­té huit ver­sets de cette para­bole, un pour chaque jour de la semaine. Je vous en par­tage quatre qui nous concernent aus­si, qui nous invite à nous lais­ser renou­ve­ler, conduire, par­don­ner, récon­ci­lier et espérer.

Luc 10,27 : A la ques­tion de Jésus, le doc­teur de la loi répon­dit : « Tu aime­ras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute

ta force et de toute ta pen­sée et ton pro­chain comme toi-même ». Pour ce ver­set, le titre don­né est : Aide-moi, Seigneur, à t’ai­mer, à aimer mon pro­chain et moi-même de tout mon être. Il ne nous est pas don­né de choi­sir notre pro­chain. L’aimer signi­fie être atten­tif à ses besoins, accep­ter ses imper­fec­tions et encou­ra­ger ses espé­rances et ses aspi­ra­tions. C’est cette même atti­tude que nous devons avoir à l’é­gard de nos tra­di­tions res­pec­tives en mar­chant sur le che­min de l’u­ni­té des chrétiens.

Luc 10,25 : Un doc­teur de la loi se leva et dit à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître que dois-je faire pour héri­ter la vie éter­nelle » ? Le titre don­né pour ce ver­set : Aide-nous, Seigneur, à avoir une vie tour­née vers toi. Bien sou­vent les réa­li­tés exis­ten­tielles de la vie, mar­quées par les divi­sions, l’é­goïsme et la souf­france, nous éloignent de la quête de Dieu. Jésus a vécu le mys­tère d’une com­mu­nion intime avec le Père, qui désire com­bler tous ses enfants de la plé­ni­tude de la vie éter­nelle. Jésus est « le che­min » qui nous conduit au Père, notre des­ti­née ultime.

Luc 10,29 : le doc­teur de la loi, vou­lant se jus­ti­fier, dit à Jésus : « Et qui est mon pro­chain » ? Le titre don­né pour ce ver­set est : Seigneur ouvre nos cœurs à ceux que nous ne voyons pas. L’Évangile nous enseigne qu’ai­mer ceux qui sont comme nous n’a rien d’extraordinaire. Jésus nous conduit vers une vision plus radi­cale de ce que signi­fie être humain. Notre époque d’in­sé­cu­ri­té et de crainte nous confronte à une réa­li­té où la méfiance et l’in­cer­ti­tude marquent les rela­tions. Voilà le défi de la para­bole d’au­jourd’­hui : de qui suis-je le prochain ?

Luc 10,34 : Le Samaritain s’ap­pro­cha de l’homme et ban­da ses plaies en y ver­sant de l’huile et du vin ; puis il le mit sur sa propre mon­ture, le condui­sit dans une auberge et prit soin de lui. Le titre don­né : Seigneur aide-nous à voir les bles­sures et à trou­ver l’es­pé­rance. Ce monde bles­sé est domi­né par l’in­sé­cu­ri­té, la peur, la méfiance et les divi­sions. Malheureusement ces divi­sions existent aus­si entre les chré­tiens. Tout en célé­brant les sacre­ments ou d’autres rites de gué­ri­son, de récon­ci­lia­tion et de conso­la­tion, en uti­li­sant sou­vent l’huile et le vin, nous per­sis­tons dans nos divi­sions qui blessent le corps de Christ. En gué­ris­sant les divi­sions entre chré­tiens, nous contri­buons à la gué­ri­son des divi­sions entre les nations.

Je ter­mi­ne­rai avec une prière, en com­mu­nion avec l’é­quipe œcu­mé­nique du Burkina Faso et avec tous ceux et celles qui reçoivent ces exhortations :

Père du ciel, nous te remer­cions pour le don de l’Esprit Saint qui donne la vie, nous ouvre les uns aux autres, résout les conflits et for­ti­fie nos liens de com­mu­nion. Fais que nous gran­dis­sions dans l’a­mour réci­proque et dans le désir d’an­non­cer le mes­sage de l’Évangile plus fidè­le­ment, afin que le monde puisse se ras­sem­bler dans l’u­ni­té, et accueillir le Prince de la paix. Par le Christ notre Seigneur.

Amen

Prédication pour la Messe à 10 h 30 au vil­lage, dans le cadre de la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens : dimanche 21.01.2024

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