
Monique de Hadjetlaché vit actuellement à Calvisson, dans la région de Nîmes. Son mari est pasteur de l’Église réformée. Ils ont trois filles et sept petits enfants, deux arrière-petits-fils. Sa pratique en tant que psychiatre et psychanalyste pendant quarante ans dans divers milieux (hospitaliers et associatifs) l’a amenée à écrire des articles spécialisés dans divers journaux et à intervenir régulièrement sur des sujets en lien avec sa profession, tant dans des formations que des conférences. Elle est l’auteure des livres Bien vieillir et La parole, outil de guérison aux éditions Farel.
Article paru dans Réveil
« Vieillir et grandir » selon Monique de Hadjetlaché
Comment devient-on médecin, puis psychiatre et psychanalyste ? Le docteur explique à la petite fille de cinq ans, atteinte de pleurésie purulente qu’il va enfoncer entre ses côtes une grande aiguille pour évacuer le liquide ; et « Ça fera mal ? – Oui – Mal comment ? – Comme quand tu tombes ! »
Le plus important, c’est d’expliquer et de comprendre. L’enfant guérie a montré un courage exceptionnel et décidé qu’elle serait à son tour « un docteur comme ça » ; c’est-à-dire un docteur qui comprend et qui explique.
Parcours personnel
Quelques années plus tard, Monique commence des études de médecine à Montpellier. Elle a l’intention de devenir gynécologue parce qu’il y a tant à faire pour comprendre les femmes et leur permettre de s’exprimer. La voici à vingt ans, mariée avec Mikaël de Hadjetlaché, futur pasteur. Ce qui les a rapprochés ? Un amour commun de Dieu et l’envie de le faire connaître. Dans tous les événements qui suivent, elle discerne cette volonté de Dieu pour ceux qui l’aiment et veulent le servir : la naissance de deux filles… Puis une troisième ; un poste d’interne à l’hôpital psychiatrique de Montfavet près d’Avignon, tandis que Mikaël est affecté à Avignon pour 32 mois de service civil.
C’est ainsi que l’étudiante passe progressivement à la psychiatrie qui est, dans ces années-là, en plein remaniement. Découverte de la psychothérapie institutionnelle. Ceux que jusqu’alors on appelait « les fous », ce sont nos frères et sœurs en humanité. Une découverte qui rejoint directement la bonne nouvelle de l’Évangile : « Il y a toujours un possible ».
Elan communautaire
L’étape suivante de la famille va se dérouler à Paris où Mikaël travaille pour la jeunesse dans la paroisse des Batignolles et anime « Les compagnons de l’Évangile ». Pendant que Monique, devenue psychiatre, travaille avec le docteur Claude Forzy dont l’engagement marque patients et collaborateurs.
C’est alors qu’avec d’autres chrétiens engagés va prendre forme un projet de communauté. La question n’est pas simple : comment se mettre d’accord sur une charte qui définisse à la fois la solidarité, l’indépendance et la vie familiale ; comment trouver un lieu approprié ?
Le lieu de prière de la communauté au mas Jalot
Là encore Dieu répond aux questions. Les uns après les autres, les candidats à la communauté se retrouvent, décidés à tenter cette expérience. Mais où ? Le plus réticent à quitter Paris, mis en contact avec le directeur régional de son administration à Montpellier, s’entend dire : « Vous êtes la personne que nous cherchons ! »
Comment croire au hasard ? Quelque temps après, les parents de Monique proposent à la location une grande propriété près de Nîmes, le mas Jalot. Chaque famille va trouver à se loger à proximité du lieu communautaire. La communauté créée il y a plus de trente ans a, depuis, évolué. Les enfants sont devenus adultes ; parmi ses membres, certains sont arrivés, d’autres sont partis. Ils sont tous restés engagés dans leurs différentes Églises locales et dans leur désir d’accueil et de témoignage. Le groupe reste fidèle à la prière du samedi matin, au partage biblique tous les quinze jours, aux agapes mensuelles, tout en cultivant son jardin communautaire. Il participe aux actions de témoignage des Églises (par exemple, à l’ouverture au public du Petit Temple, l’été à l’occasion des jeudis de Nîmes) et à différents rassemblements d’Églises ; car travailler à l’unité de l’Église fait partie de sa vocation. Tous continuent à donner la dîme pour leurs engagements.
Un travail engagé
Pendant que son mari est pasteur à Saint-Hippolyte-du-Fort et à Lunel, le docteur Monique de Hadjetlaché ouvre un cabinet de psychiatre et psychanalyste à Nîmes où elle retrouve, plus nette que jamais, la vocation de l’origine : « Comprendre, soigner, expliquer ». Elle y ajoute un engagement paroissial et un engagement laïque à l’« École des parents et des éducateurs du Gard ». C’est un travail de prévention, laïque et apolitique… Puisque c’est avec les enfants que tout commence.
Dans son cabinet médical elle ne prêche pas, ce n’est pas le lieu, mais elle met en application sa conviction ancienne et renouvelée, ancrée dans l’Évangile : « Il y a toujours un possible ».


Une écriture habitée
De cette expérience familiale, communautaire et professionnelle est issu un livre qui a été réclamé à notre médecin par les Éditions Farel : « Bien vieillir ». Elle commence par refuser. Puis se dit : « La vieillesse et la mort font partie de la vie, donc ça me concerne et je suis compétente. Ma propre expérience et celle de personnes qui sont restées remarquablement vivantes jusqu’au bout, je peux la partager. Se développer, grandir, vieillir, cela se prépare tout au long de la vie ». Comment écrit-on un livre ? « Par petits bouts : des remarques et des souvenirs qui s’ajoutent comme un patchwork et finissent par devenir une ligne cohérente. C’est aussi un travail très intéressant et ce qui est le plus gratifiant ce sont les réactions des lecteurs ; les invitations à parler du livre et toutes les personnes qui me disent : je l’ai lu et veux l’offrir autour de moi. C’est ce qui m’a encouragée à écrire un second livre qui est cette fois un témoignage personnel et où je m’efforce de partager mes réflexions sur ma vie professionnelle ».
Trois enfants, sept petits-enfants et deux arrière-petits-enfants, une Église, une communauté, une École des parents (tous avec leurs joies et leurs problèmes) tout cela est en partie résumé en deux livres. Avec le souci d’être attentive comme l’a été au début de l’histoire un médecin remarquable à l’égard d’une petite fille qui voulait bien accepter de souffrir, à condition de comprendre pourquoi.
Résumé biographie
Naissance 1942. Mariage : 1962. Différents lieux de vie : Avignon de 1965 à 1968 ; Paris de 1969 à 1978 ; Calvisson depuis 1979.
par Françoise SASLAWSKY (décembre 2011)